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Flic ou délinquant ? Nous avons choisi notre camp !

dimanche 12 novembre 2006

Le 21 septembre 2006, le projet de loi relatif à la « prévention de la délinquance » a été adopté au Sénat et sera examiné à l’assemblée nationale à partir du 21 novembre. Ce véritable projet de société franchit une étape supplémentaire dans l’organisation de la répression, du contrôle, de la délation et de l’atteinte aux libertés individuelles. Comme on a pu le voir avec les prélèvements d’ADN pour les faucheurs d’OGM , ce projet s’inscrit dans la continuité en instaurant un fichage généralisé des personnes connaissant des difficultés sur le plan médico-social ou dans l’éducation de ses enfants.

Le maire devient shérif.

Dans les villes de plus de dix mille habitants, le maire, pourtant ni juge ni acteur de prévention, se voit ainsi attribuer des compétences en matière de justice et ses pouvoirs de police sont renforcés. Chargé de la prévention de la délinquance dans sa ville, il sera dans l’obligation de désigner un coordinateur parmi les intervenants auprès des personnes et familles. L’instauration de ce coordinateur met fin au secret professionnel puisque les informations données par les personnes seront divulguées aux maires. Il s’agit là d’une véritable atteinte à la relation de confiance qui peut se créer entre usagers et professionnels du social. Le maire aura aussi l’obligation de créer un conseil pour le droit et devoirs des familles. Désormais, les parents connaissant des difficultés avec leurs enfants pourront être convoqués devant ce conseil. Un stage de parentalité pourra leur être proposé à leurs frais, les allocations familiales pourront être suspendues... On imagine déjà l’efficacité de ces mesures lorsque les enfants verront leurs parents punis pour avoir été désignés comme de « mauvais parents » !
En matière psychiatrique, le maire pourra décider d’une hospitalisation d’office sans avis médical et détenir des informations confidentielles sur les patients. C’est un pas de plus vers la Flichiatrie ou le malade sera perçu avant tout comme un délinquant.

C’est bien la misère sous toutes ses formes qu’il s’agit de criminaliser. Sous couvert d’ordre public c’est un vrai pouvoir de contrôle des élus sur la population qui est mis en place. Le contraire aurait pourtant été une réelle avancée pour lutter contre la délinquance de ceux qui nous dirigent.

Personne ne sera épargné.

Concernant les mineurs, le texte introduit la « présentation immédiate » pour les plus de 16 ans qui n’est autre que la procédure de comparution immédiate déjà existante pour les majeurs. Les contrôles judiciaires sont aussi renforcés et auront pour conséquence une augmentation de l’incarcération des mineurs. Désormais le répressif prime définitivement sur l’éducatif.

Le climat de délation généralisé, renforcé par ce texte, va changer le rapport entre salariés et entre certains professionnels et usagers :
 l’éducation nationale devra désormais donner des informations qui permettront par exemple la mise sous tutelle des prestations familiales.
 l’informatisation des systèmes d’inscription aura aussi des conséquences pour les élèves sans papier. Un devoir de délation sera donc imposé aux professionnels de l’éducation
 les salariés des transports, sur décision du procureur de la république pourront subir des prélèvements sanguins « s’ils sont soupçonnés d’usage de stupéfiant ». Ce soupçon proviendra certainement d’une délation. De plus, cette mesure ignore totalement le rôle de la médecine du travail et les chsct.
Ces mêmes salariés seront mis à contribution pour aider au contrôle et à la délation avec le développement de systèmes de surveillance.

Ce projet totalitaire touche bien d’autres secteurs et invite chaque individu, chaque professionnel à se méfier de son voisin, de son prof, de son collègue...et à pratiquer la délation plutôt que l’entraide, la solidarité et la fraternité que nous défendons pour voir émerger une société autogérée.

Répartissons les richesses, pas les matraques !

En tant que professionnels du champs social, éducatif et médical, nous refusons ce projet ainsi que sa logique purement sécuritaire. Nous affirmons que notre action ne peut être détournée de l’intérêt exclusif des usagers à des fins politico-electoralistes. Inutile de rappeler que le thème de l’insécurité constitue un enjeux particulièrement porteur. Notre unique préoccupation demeurera l’individu et son intérêt particulier, son émancipation, son autonomie.afin qu’il puisse trouver, sur le principe de sa libre adhésion, une place dans cette société aussi inégalitaire soit elle.

Nous pensons que dans une société où les richesses et le temps de travail seraient équitablement répartis, où la production serait autogérée dans l’intérêt de tous et non de quelques-uns. le travail social n’aurait à terme d’autre vocation que de disparaître. Cependant, nous défendrons une certaine idée du travail social tant que nombre d’individus continueront à être rejetés par le système actuel et qu’ils seront cantonnés aux marges de la société.

Nous considérons par ailleurs que, dans ce contexte, « les problèmes de sécurité » relèvent uniquement des prérogatives que s’est accaparé l’Etat. Ce dernier s’étant doté d’une police et d’institutions plus répressives les unes que les autres, nous estimons qu’il devrait pouvoir aisément se passer du concours des travailleurs sociaux pour assumer les conséquences des inégalités sociales qu’il engendre. Nous resterons donc fermement accrochés à nos principes déontologiques, et le moment venu, nous désobéirons.

Refusons la société du contrôle, de la délation, du fichage informatique, du fichage génétique, de l’enfermement, de la punition, du flicage.et créons dès aujourd’hui un autre futur !

La CNT appelle avec le Collectif National Unitaire à la Manifestation nationale le samedi 18 novembre à 13h place d’Italie

 pour que toutes les lois répressives, sécuritaires et liberticides soient abrogées car elles ne sont faites qu’au profit de l’Etat et des patrons.

 pour la préservation du secret professionnel qui doit garantir aux personnes la confidentialité des informations qu’elles donnent dans le but d’être aidées.

 pour que les professionnels et les populations visées sortent de l’isolement afin de construire des résistances collectives et ne pas céder aux pressionsdu pouvoir.