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CGT-E Info N°2

informations pratiques sur le syndicalisme ibérique SR-AS, en partant de l’enracinement le plus concret, la CGT d’Espagne

dimanche 12 février 2006

30.01.06

Parution entre heddomadaire et quinzomadaire, voire vingtetunzomadaire.

Il est évidemment démentiel de prétendre tout refléter, y compris des actions minoritaires, qui peuvent s’avérer essentielles dans le temps. Mais une tentative de couverture globale, en attendant que des fédérations d’industries ou des syndicats, prennent la relève, me paraît valable.

Responsable : Frank, CNT 91.

Objectifs : ll s’agit d’informations pratiques sur le syndicalisme ibérique SR-AS, en partant de l’enracinement le plus concret, la CGT d’Espagne.

Données fixes économiques, sociales et politiques

Espagne 505.000 km2, 42 millions d’habitants, 10 % de chômage, taux de pauvreté 18 % (moyenne européenne 15), indigents, couches sociales.

Un des premier pays d’Europe occidentale pour les accidents du travail ; et également pour le travail au noir (bâtiment, agriculture, industrie de la chaussure, etc.). Note d’Antonio, 93, « Les Espagnols ne veulent plus tellement travailler dans le bâtiment ni dans les travaux manuels durs. »

Profusion de multinationales qui obéissent à leurs maisons mères et ne créent pratiquement pas d’emplois depuis vingt ans.

L’entrée dans la CE a sinistré les activités des chantiers navals et de la pèche de la côte cantabrique.

Les séquelles de la dictature - nullement mise en cause par la Transition concoctée par la droite et le PS(OE ouvrier espagnol) et le PC - font qu’il reste des rues du “ Generalísimo ”, des symboles franquistes de monuments (Canaries, XII-05).

Note d’Antonio, 93, il reste « el Valle de los Caídos (près de Madrid), dans de nombreuses villes l’on a conservé deux noms à des places ou des rues Plaza, calle del Generalísimo, calle José Antonio, calle de la Constitución. Jusqu’à octobre 2005, il y avait une statue de Franco près des « nouveaux ministères » à Madrid » (statue enlevée de nuit !).

On a des méthodes scolaires encore utilisées dans des écoles privées (Saragosse, XII-05). Au-delà de détails qui peuvent sembler minoritaires, on a deux traits qui demeurent le génocide perpétré par Franco (le mot commence à être utilisé par certains historiens et correspond à la réalité : des sévices et une législation particulière appliquée à un groupe de la population pour l’exclure et le terroriser) et l’aversion contre les étrangers (les slogans passés du rejet des non catholiques et de la dénonciation du complot rouge, voire judéo marxiste) matérialisée par la condition faite aux travailleurs étrangers (alors que, depuis 1900, 90 % des familles espagnoles ont des parents immigrés politiques ou économiques).

Note d’Antonio, 93, « Eviter de parler de génocide - qui devrait être réservé, selon moi, au génocide juif ; parlons plutôt de répression sanglantes ; pour que l’on ne puisse pas accuser la CGT-E de “ révisionnisme ” et de tout mélanger. »

La non reconnaissance de crimes de la dictature, comme les deux condamnations à mort au garrot “ vil ” (terme officiel) d’août 1963 des anarchosyndicalistes Delgado et Granados, après un procès bâclé et vu que dans les années 90 les deux coupables des attentats attribués aux exécutés ont reconnus en être les auteurs. La CGT, depuis 2001, défend une campagne pour la réhabilitation de Delgado et Granados. Si ce verrou saute, de nombreuses autres condamnations peuvent également être annulées.

Note d’Antonio, 93, « -le Tribunal suprême a refusé en 1998 de réviser le procès Granado Delgado ;

 En 2004 le tribunal constitutionnel a annulé la décision du tribunal suprême et demande de poursuivre la demande de révision par quatre voix contre deux. Les deux voix contre prétextait que la constitution espagnole n’est pas rétroactive et que les décisions prises par « la justice » franquiste ne peuvent pas être révisées. »

C’est la mémoire historique qu’une partie de la population, en gros les petits-fils de la génération de 1936-1939, réhabilite concrètement avec des recherches d’identification à l’ADN de corps dans des charniers qui sont peu à peu inventoriés. La CGT participe également à ce travail avec en Andalousie des expositions et des publications sur le “ canal des prisonniers ”, une œuvre de plusieurs années de condamnés républicains qui construisirent le troisième canal d’irrigation, en importance, du pays. Un atelier sur la mémoire historique a été organisé par la CGT en mai 2005.

Note d’Antonio, 93, Note d’Antonio, 93, « Les efforts faits pour la mémoire historique ont été surtout le fait de petits groupes et pas des organisations politiques ou sociales « représentatives ». En 1994, le petit groupe PRO- REVISION GRANADO-DELGADO « a été pratiquement le premier à lancer le pavé dans la mare en faisant réaliser un documentaire sur l’affaire Granado-Delgado et en demandant la révision du procès. Avant on ne parlait que de la guerre d’Espagne, or le franquisme c’est surtout de 1939 à 1975. »

« Il ne s’agit pas seulement de mémoire historique mais d’ex prisonniers qui ont fait dix, quinze, vingt ans de prison, dans les geôles franquistes et qui subissent une double peine, puisqu’ils n’ont pas vu reconnues pour leur retraite, leurs années de prison, durant lesquelles ils ont travaillé pour des patrons. »

La xénophobie, reconnue et pratiquée dans de nombreuses municipalités de droite et de gauche, est si officialisée dans le programme de la droite qu’il n’y a pas de place politique pour un parti d’extrême droite. Le premier pogrom a eu lieu durant une vingtaine d’heures (sans interventions d’aucune force de police) en février 2000 dans la province d’Alicante à El Ejido (50.000 habitants) contre les Magrébins (30.000), insultes et menaces de morts contre les Espagnols d’origine magrébine, les Espagnoles mariées à des Magrébins, les Espagnols militant pour les étrangers. Au même endroit, un délégué syndical CGT hispano marocain a été assassiné en 2005.

Note d’Antonio, 93, « beaucoup d’entre nous, sommes étonnés, sachant le racisme qui règne dans certaines couches de la société espagnole, qu’il n’y ait pas eu d’attentats racistes ou xénophobes à la suite des attentats de Madrid par un groupe islamiste. » (mars 2004, parmi les 200 morts il y a de nombreux travailleurs étrangers : Latino-américains, Magrébins, Polonais, Roumains, Bulgares)

La CGT participe en force, depuis 2001, aux campagnes demandant la reconnaissance des sans papier et à la syndicalisation des travailleurs étrangers.

Les couches sociales exclues apparaissent principalement parmi les manœuvres du bâtiment, de l’agriculture de serres. Et, socialement, on a environ 2 millions de Gitans (présents depuis le XV siècle, considérés comme une “ race ” différente et inassimilable). Les travailleurs immigrés sont 2 millions en majorité Marocains, puis Portugais, Roumains, puis latino-américains (Colombiens, Equatoriens, etc.), puis Africains (Sénégal, Mauritanie, etc.), puis slaves (Polonais, Russes, etc.), puis asiatiques (Indiens, Chinois, etc.). Il reste 700.000 étrangers en situation irrégulière.

Le paradoxe social est l’émigration des jeunes scientifiques (absence de création d’emplois dans le pays) et le nombre d’Espagnols immigrés : environ 1 million, bien installés et en voie de disparition progressive, principalement en France, Belgique, Suisse, Allemagne et Hollande.

Note d’Antonio, 93, « En Espagne, la productivité dans le travail est très faible. D’autre part, la recherche et le développement sont particulièrement bas par rapport à beaucoup de pays européens. Dernièrement, le gouvernement Zapatero a fait un effort financier dans ce sens. Le privé ne fait pas grand-chose. D’ailleurs culturellement même, dans l’Espagne de l’après Franco, pas grand-chose n’a été fait pour inciter, pour « donner envie » à la jeunesse à aller vers les sciences et la technique.

L’Espagne va avoir - et commence à sentir - des problèmes avec l’adhésion des pays de l’Est à la Communauté européenne (main-d’œuvre qualifiée et bas salaires). »

Trois autres paradoxes, nouveaux et issus de la Transition, sauf le dernier, peuvent empoisonner les rapports humains quotidiens : a) les querelles régionalistes (attentats et poids de l’ETA, condamnés par la CGT ; le statut des Catalans, etc.) ; b) l’extension de la drogadiction ; c) le poids du football (2001 à Salamanque, 500 personnes à la manif du 1 mai, et en juin, plusieurs manif de 20.000 à 30.000 personnes pour le maintien du club en 1 division). d ) « la médiocrité et la grossièreté des émissions télévisées » (Note d’Antonio, 93)

Centrales syndicales :

UGT (Union générale des travailleurs) dépendant du PSOE, environ 500.000 affiliés.

CC OO, Commissions ouvrières, moins dépendantes du PC, 500.000 affiliés.

CGT : environ 50.000 cotisants, présentes pour la première fois en 2004-2005 dans toutes les régions et dans tous les secteurs économiques ; traversée par de nombreux courants idéologiques (plus ou moins anarchosyndicalistes, en faveur de partis de gauche), de pratiques différentes (appels aux AG versus multiplication des permanents, priorisation de bastions dans des entreprises fortes et rejet de l’internationalisme, internationalisme ciblé de certains syndicats - Chiapas et ex Sahara espagnol - au détriment des rapports avec l’Europe, etc.) la CGT demeure un exemple et un partenaire indispensable pour la CNT-f.

La campagne contre le référendum de la CGT a démontré sa volonté réelle de refus d’une Europe du capital (à la différence des autres syndicats espagnols ; à mon avis, on a été mauvais à la CNT-f, sauf quelques syndicats, de ne pas suivre).

La CGT mise, depuis des années et l’a démontré en novembre 2005, dans les rencontres européennes du syndicalisme alternatif, sur les branches des transports et de l’industrie automobile. Il est évident que la CGT désire étendre son influence internationale dans d’autres branches qui ne fonctionnent pas bien encore (Enseignement, Nettoyage, Télémarketing). Il dépend de la CNT-f de savoir répondre à cette demande, si ce n’est pas le cas, SUD saura le faire.

LAB : syndicat basque, très gauchiste et internationaliste dans ses déclarations ; très cantonné dans le pays basque espagnol et - de temps en temps - français.

STES : second syndicat du pays dans l’Education (derrière les Commissions et devant l’UGT et la CGT), prône l’autogestion ; mais semble assez éloignés des non titulaires de l’éducation.

Solidaridad Obrera : quelques centaines d’adhérents, bien implantés dans le métro de Madrid et les cheminots d’Alicante,

CNT-AIT : dans les 3.000 affiliés (au pif, 350 selon des membres du SI), avec deux changements intéressa nts depuis 2000-2001 : davantage de syndicalisme réel et des accords - dans certaines régions - pour travailler dans certains cas, avec la CGT. Un exemple un document en espagnol et en arabe pour les ouvriers du bâtim ent de Madrid, signé par CGT, CNT et Solidaridad Obrera.

La CNT-AIT reçoit du gouvernement une part du patrimoine historique (imposition de 1939 - 1936 dans certaines régions - de contributions obligatoires des travailleurs et réquisitions des biens syndicaux de l’UGT et de la CNT). En XII-05, le gouvernement a annoncé l’ultime restitution : 90 millions de € pour l’UGT et 4 environ pour la CNT-AIT (grosse colère de cette dernière). Remarque d’Antonio, 93, pour « beaucoup de libertaires, nous ne sommes pas rentrés en Espagne à la mort de Franco parce que l’ambiance dans les organisations libertaires n’étaient pas propices. Nous serions rentrés, non pour des raisons économiques, la plupart d’entre nous gagnions bien notre vie. Nous serions rentrés si dans les mouvements libertaires régnait “ l’harmonie ” et non les polémiques stériles et les polémiques personnelles. Il était hors de question de sacrifier notre vie personnelle et familiale pour des polémiques absurdes et démoralisantes. »

Portugal 120.000 km2, 12 millions d’habitants, 7 % de chômage, “ 21% de la population totale vit sous le seuil de la pauvreté ” (X 05). Exclus : gitans (présents depuis le XV siècle, considérés comme une “ race ”) ; travailleurs immigrés : en majorité Angolais, Capverdiens, Guinéens (Guinée Bissau), Mozambicains et Ukrainiens.

Emigration des jeunes scientifiques (absence de création d’emplois dans le pays) et présence d’émigrés : environ 1 million, bien installés et majoritairement en France.

Il n’existe pas de groupes anarcho-syndicalistes véritables, ni d’action syndicale libertaire, mise à part un groupe embryonnaire parmi les enseignants (plutôt non titulaires).

Activités récentes de la CGT

Contexte global

Les travailleurs espagnols du secteur privé gagnent 33% de moins que ceux de l’UE-15, tout en travaillant 11 heures de plus par mois et en ayant deux jours de moins de vacances, d’après Eurostat, une bureau de statistiques de la Commission Européenne.

En revanche, les salaires en Espagne sont au moins trois fois plus élevés que chez les nouveaux partenaires de la CE, en particulier la Lituanie et la Lettonie. Seuls deux pays de l’UE-15, la Grèce et le Portugal, ont des salaires inférieurs aux espagnols.

Les différences salariales entre les hommes et les femmes dans l’UE-15 est de 23,2% par heure travaillée et pour l’UE-25 24,6%. En Espagne le décalage est de 25%, mais il est supérieur en Grande Bretagne (30,3%). (19-01-2006)

Conflits

Le comité de grève contre les réductions d’emplois à Iberia Barajas (Madrid) est composé par CGT-CISA-CNT-CTA-IC-SEPHA (12.01.06)

Le 19 janvier le comité de grève à appeler à manifester devant le siège d’Iberia pour transmettre des propositions. 800 travailleurs étaient présents. En fin de manif, une charge de police a entraîné des blessés.

“Rappelons que tout ce conflit est provoqué par la position intransigeante de l’entreprise, qui avec la complicité des syndicats Commissions et UGT, veut imposer des mesures totalement négatives pour les intérêts des travailleurs :

 gel del salaires pour 2005 et 2006.

 Modification du code du travail, pour une plus forte productivité, polyvalence, augmentation de la journée de travail, etc.

 Elimination des droits acquis

 Maintien et consolidation de la précarité d’embauche que nous subissons déjà (travailleurs précaires de longue durée avec perte de droits) [...] C’est pourquoi nous continuons la grève tous les jeudis de 12 h. à 18 h dans tous les centres de travail d’Iberia, [...] Le Comité de grève (CGT, CISA, CNT, CTA, IC y SEPHA).”

Manif du 21 janvier 2006 à Saragosse

Le 04/01/2006 le SI avertissait sur la liste confédérale les syndicats : “ Camarades, La situation des travailleurs de l’industrie automobile en Espagne est tendue. Après avoir déjà délocalisé de nombreuses usines vers ce pays, les grandes marques auto se préparent à délocaliser à nouveau, vers les pays de l’Est. [...] De nombreuses grèves et des débrayages ont lieu. Les licenciements s’abattent sur ceux qui résistent. Il y a deux semaines, SEAT (VW) a licencié près de 1000 personnes, dont un nombre impressionnant de syndicalistes, parmi lesquels, la nouvelle secrétaire CGT de la région Catalogne, et une sur-représentation de femmes.

Bien sûr, la CGT réagit fortement, contrairement aux Commission et à l’UGT. Une grande manifestation pour la défense des travailleurs de l’industrie automobile aura lieu le samedi 21 janvier 2006.

La section CGT Opel de Saragosse invite tout le mouvement syndical alternatif à se joindre à eux. Le secrétariat international va mandater quelqu’un pour y être. Mais il serait souhaitable que d’autres camarades de la CNT y aillent pour démontrer que l’internationalisme AS/SR n’est pas seulement théorique. Nous comptons sur vous ! ”

Le message a été entendu :

“ Nous étions entre deux mille deux mille cinq cent, voire plus selon certains. Des bus de Barcelone (4) de Madrid (2) Valence, Vitoria, d’un peu partout, sauf d’Andalousie question distance, la Confédération aragonaise avait mobiliser un max. Sections syndicales qui soutenaient la manifestation, Seat "Barcelone", Cedesa " Daganzo », Delphi-Packard "Tarazona", Mercedes-Benz "Madrid,"Dana "Vilanova y la Geltrú", Ford "Almusafes" ; Iveco-Pegaso "Madrid" Mann Hummel" Zaragosa", Michelin "Vitoria", General -Motors "Figueruelas" et d’autres.

Des syndicats d’autre secteurs d’activité étaient aussi présents. Comme Syndicats extérieur, Il y avait donc nous pour la CNT-f (5 de Perpignan et 4 camarades de Toulouse), et trois camarades de la CUB -Italienne, des messages de solidarité de solidaires pour la France, de la SAC pour la Suède et d’autres oubliés...Ambiance sympathique, combative, les jeunes travailleurs de la Seat n’arrêtaient de crier leurs slogans, des pétards tout le long du parcours, ce qui faisait que de nombreux passants s’arrêtaient, et jusqu’à certains bourgeois qui regardaient depuis leurs fenêtres. C’était un magnifique défilé de drapeaux rouges et noirs, et de banderoles des différents syndicats, par mis eux notre banderole confectionnée pour l’occasion était très visible, puis qu’à la demande des organisateurs nous étions justes derrière la tête de la manif, putain, cela nous change des manifs ici quand on doit presque se bagarrer pour pouvoir se placer !

Pour soutenir la banderole de tête on nous demanda qu’un copain de la CNT-f soit présent, cette tâche ce fut Hélios de la CNT éduc 66 qui l’assuma. Le texte de notre banderole disait CNT-F solidarité internationale. Union-Action -Autogestion. Nous avons marché environs deux heures. A signaler aussi une impressionnante banderole soutenue par 20 énormes ballons rouges et noirs gonflés à l’hélium (à retenir). A la fin il y eut les prises de paroles. D’abord aux syndicats en luttes, puis la parole fut donnée aux délégations étrangères présentes, un camarade de la CUB "It" exprima le soutien de son organisation, et expliqua que la situation dans son pays est similaire. Et nous a donné rendez vous a Milan pour le même type de manif le 27mai (date a confirmer). Puis René Alvarez lut le texte de la CNT-f qui a été bien applaudi. Deux mannequins représentants symboliquement les deux syndicats jaunes CC-OO et UGT furent brûlés.

Signalons aussi la présence d’un bon groupe de jeunes étudiants du SEI groupe local, ainsi que quelques militants du groupe trotskiste de L-I-, et d’autres petits groupes qui soutenaient. A la fin des prises de paroles la sono nous envoya "A las Barricadas”, Ce qui créa un moment très émouvant entre tous les présent"e"s. Petite anecdote : en circulant pour se joindre au départ de la manif à notre arrivée, un vieux monsieur m’arrête et me dit en voyant mon drapeau " vive la CNT", “ je suis très âgé mais j’étais à la CNT, passez une bonne journée ”.

Nous devons signaler aussi, que les délégations étrangères furent les hôtes de la section syndicale de General-Motors de Saragosse qui nous offrirent un délicieux repas dans un resto tenu par le frère d’un camarade de l’usine. De toute façons on ne nous a rien laissé payer, pas même un café ou un demi dans un bar ! Tous les cénétistes présents étaient ravis de cette journée malgré la fatigue du voyage et semblaient prêts à recommencer.

Pour la délégation CNT-f, Hortensia et René. ” (26.01.06) ”

Brève mise au point sur le CAT-ME

Des “ camarades ” (qui devraient consacrer plus de temps au syndicalisme) de la CNT-AIT de France assurent que ce syndicat fait partie de la CGT-e. Je me suis rendu sur leur site [http://www.catme.es.vg/default2.htm]et voici leur présentation sans commentaire.

“ Qu’est-ce que le CAT-ME

“Le Collectif autonome des travailleurs-“Mossos d’Esquadra [appellation catalane de la police de cette région autonome ]” CAT, est le nom sous lequel, aujourd’hui, et au vu des faits connus de tous (dans le CAT et portés à la connaissance de tous par l’intermédiaire des médias... et des autorités judiciaires), une organisation syndicale née en 1992 agit en ayant eu dans son histoire différentes dénominations (CGT, SAME et SAP, concrètement).

Elle a toujours été une organisationnel clairement différenciée des autres, tant par sa stratégie face à l’entreprise, que par son caractère critique, combatif et négociateur ; avec un niveau de fonctionnement interne, en étant le seul syndicat, représentatif, avec une structure assembleaire, qui, sans doute, est la plus démocratique et plurielle qui puisse exister. [...]

C’est une organisation sans tendances partisanes qui agit uniquement et exclusivement pour la défense des intérêts sociaux et professionnels, individuels et collectifs du “mosso d’esquadra” dans sa facette de travailleur.”

Que veut le CAT-ME :

“ Notre organisation aspire à obtenir l’application effective du droit à la négociation collective au sein du corps de police afin de rendre réel la possibilité de nous approcher de l’obtention de toutes les revendications sur le plan professionnel historique du “Mosso d’Esquadra” [...] Luttons, tous les jours, avec nos moyens, pour que les actes de notre entreprise soient moins arbitraires, plus objectifs, plus équitables, plus démocratiques, plus justes.” (Traduit du catalan)

Metro Contramarcha, n° 30 novembre-décembre 2005, de Solidaridad Obrera, section métro de Madrid est une publication grand format de 24 pages qui associe des infos purement techniques spécifiques aux employés du métro (productivité, santé, sécurité, conventions collectives (pp. 3-11) à des sujets comme l’anarchisme, l’addiction à la nicotine, l’Amérique latine, la loi anti terroriste en Espagne, la figure du philosophe Unamuno - vieux et dépassé - et du général de la légion Millán Astray à Salamanque en octobre 1936. Unamuno dans un accès de lucidité prit la parole en public pour s’opposer aux âneries militaires et prononça la formule exacte de “ Vous vaincrez, mais vous ne convaincrez pas ” et le tueur lui répondit efficacement ”Vive la mort (de mes ennemis) ”. Le journal finit par deux évocations de publications récentes : Apoyo Mutuo [l’entraide] de Kropotkine et la traduction de Ma guerre d’Espagne de Mika Eychebéhère et la dernière page est une BD “ La religion est une malédiction ”.

Un tout autre style apparaît à la CGT. Il faut commenter le mensuel de la CGT Rojo y Negro [rouge et noir] qui s’améliore sensiblement depuis deux ans. Le n° de novembre 2005 (le 185, IV époque, 16 année) offre pour 0, 75 € 16 pages d’infos et le 4 p. de“ Matériel de Réflexion ” n° 28 consacré aux dépenses militaires de l’Etat, et un 8 p. spécial sur le Chiapas et l’EZLN.

Le mensuel informe aussi bien sur la politique internationale que nationale et les conflits où la CGT est présente. Quatre pages sont consacrées dans un supplément inclus dans le journal, intitulé “ Agitation ” traite de “ la carte de la faim ” dans le monde, et des pseudos dettes des Etats du tiers monde. Une page est consacrée aux accidents du travail, avec des chiffres de 1994 à 2005 qui augmentent progressivement. Une autre évoque la vie du cénétiste Agustín Remiro, aragonais qui travaillait avec Ponzán dans le contre-espionnage et le sabotage en zone franquiste, puis de 1939 à sa mort en 1942 (en ayant la quarantaine et étant cénétiste depuis 1919), toujours avec Ponzán, dans un réseau d’aide à l’Angleterre pour faire passer des anti-fascistes et des aviateurs anglais de la France de Vichy au consulat anglais à Lisbonne. Arrêté à Madrid, Remiro s’évada pour échapper à la peine de mort, mais fut abattu dans la rue. La dernière page est consacré principalement à un cégétiste licencié, mais qu’une décision de justice pourrait faire réintégrer. Une brève chronique consacrée à la poésie donne ce poème “ Ghost in the machine ” [fantôme dans la machine] de Miguel Angel García Argüez, qui finit par “ Observe son intérieur, penche ta tête et regarde-la : son oxygène s’épuise, les frictions brisent son vieux cœur d’ fil électrique ; Tu le vois ? Elle est en train de mourir. La résistance est dans le rouge vif. ”

Le spécial Chiapas donne un salut envoyé aux zapatistes par le congrès de la CGT de juillet 2005 et de l’extrait de la motion sur l’activité internationale. “ L’internationalisme n’est pas qu’un mot inscrit dans les statuts de la CGT. C’est une volonté de construire un mouvement syndical et social sur le plan international qui s’oppose à la dictature du capital. [...] unifier dans une stratégie internationale tous les aspects que nous devons aborder, toutes les réalités des luttes : mouvement ouvrier, indigène, émigrant, sans terre, social, écologiste, féministe, antimilitariste ..., font partie d’une réponse nécessaire, unique et globale à l’agression du capital. Nous, à la CGT, nous devons ajouter à ce travail anticapitaliste un rapport préférentiel avec tous les mouvements que l’on peut identifier comme horizontaux et anti autoritaires. Sans oublier de construire un point de référence claire et stable de solidarité avec tous ceux qui luttent. Nous ne devons pas oublier que pour notre organisation les rapports internationaux doivent être une extension de notre action syndicale et sociale, sur d’autres plans géographiques, au moyen de débats, de collaborations et de l’exercice de la solidarité avec des collectifs humains, organisés, culturels ... toujours différents. [...]

1) Coordination d’organisations anarchosyndicalistes ;

2) Coordination du syndicalisme alternatif ;

3) Coordination sur le plan du secteur [professionnel]

4) Coordination de collectifs et organisations sur le plan libertaire [...]

5) Jumelage avec la Municipalité autonome en rébellion Ricardo Flores Magón

6) Solidarité internationale

7) Autres cadres unitaires

8) Projection internationale

La CGT est de plus en plus connue sur le plan international [...] Augmenter cette présence et cette projection doit être un but pour toute la CGT. [...] ”

Le n° de décembre de Rojo y Negro sera commenté dans le prochain CGT-e info.