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CGT-e Info n° 3

informations pratiques sur le syndicalisme ibérique SR-AS, en partant de l’enracinement le plus concret, la CGT d’Espagne

dimanche 12 février 2006

Pauvreté en Espagne

El Mundo du 25 XII 05 a publié une info intéressante :

Selon l’UE, "on considère pauvres toutes les familles et personnes qui sont économiquement au-dessous des 50 % du niveau de revenu moyen disponible nette dans l’ensemble du pays".

Le chômage touche 19,4 % des foyers espagnols, d’après Cáritas, il y a 2.192.000 familles qui vivent sous le seuil de la pauvreté, soit 8.509.000 personnes. La pauvreté en Espagne dépasse la moyenne européenne en extension (19.4 % des foyers et 22.1 % de la population). Seule le Portugal et la Grèce font pire dans l’UR.

Cáritas nuance la pauvreté en distinguant entre la pauvreté extrême (ceux qui n’ont que 15 % du revenu défini avant), la pauvreté grave (entre 15 et 25%), la pauvreté modérée (entre 25 et 35 %) et la précarité sociale (entre 35 et 50 %). Les deux premiers cas sont englobés sous la dénomination de " pauvreté sévère" et les deux autres de " pauvreté relative".

La pauvreté prédominante en Espagne est la relative. Environ 85 % du total des foyers considérés comme pauvres et 79.6 % de la population pauvre sont dans cette situation. Néanmoins, la pauvreté sévère, tout en étant minoritaire, touche un total de 316.000 foyers et 1.739.800 personnes.

Concentrée dans des noyaux urbains, elle est davantage urbaine que rurale. En milieu rural la population en General est plus âgée ; il en va de même avec les pauvres. Pour ce qui est de la localisation régionale, dans les provinces limitrophes du Portugal les taux de pauvreté sont plus élevés, comme dans le centre et le nord, en Extrémadure, en Andalousie, aux Canaries et dans certaines provinces du Levant, avec Ceuta et Melilla (commentaire : en plein Maroc, eux Gibraltar espagnols que la droite et la gauche considèrent normales). Le taux le plus bas de personnes et de familles pauvres se trouve à Madrid, en Navarre, dans la Rioja et au Pays basque.

Une autre caractéristique est que la pauvreté touche de plus en plus la jeunesse. Presque la moitié du total des personnes pauvres a moins de 25 ans. Commentaire : voir l’absence de créations d’emplois due à l’absence d’entreprises vraiment espagnoles, mais avec le néo libéralisme actuel, elles feraient le moins possible d’effort en ce sens.

Plus la famille est nombreuse plus l’incidence de la pauvreté est forte. Presque la moitié des familles pauvres de plus de sept membres sont dans une situation de pauvreté sévère.

Las minorités ethniques en Espagne (gitans, secteurs immigrants pauvres, etc.) se trouvent dans une situation de pauvreté problématique, plus forte que celle de l’ensemble des pauvres. Une grande partie de la pauvreté sévère existante dans le pays appartient à ces minorités.

Actions et luttes

Télécom « Ángel Luis García élu au Comité d’entreprise d’Atento, Madrid [Ce camarade fait partie de l’équivalent du BC désigné au congrès de juillet 2005. Il occupe le poste d’ « Action syndicale ». Depuis environ 6 mois il est victime de la répression patronale]

Le 15 février la CGT, malgré les tentatives de l’entreprise et des autres syndicaux (Commissions, UGT et USO - sorte de SUD - ayant mal tourné) pour éliminer la liste de la CGT, a réussi à devenir le troisième syndicat en nombre de voix.

Il faut souligner la faible participation des travailleurs avec 70% d’abstention.

Au bout de plus d’un an et demi de disputes sur la réalisation d’élections avec une foule d’embûches semées par l’entreprise, en utilisant les élus, afin d’obtenir que la candidature de la CGT ne puisse être retenue, des élections ont pu avoir lieu et avec l’admission, finalement, de notre camarade Ángel Luís García comme candidat.

Le résultat des élections a été : 9 pour les Commissions, 9 USO, 6 CGT et 5 UGT.

Il ne reste plus, donc, qu’à attendre la décision sur le licenciement du camarade pour que nous puissions dire que Atento a perdu la bataille. La CGT est maintenant une pièce importante du fonctionnement du Comité, sauf si les alliances entre syndicats ignorent les différences idéologiques entre eux.

La section syndicale de la CGT éprouve un enthousiasme inhabituel dans cette nouvelle étape à Atento Madrid et elle espère compter sur l’aide d’Ángel Luis pour la défense des travailleurs. »

Dans le cadre de la campagne contre la répression dans les Télécommunications une manif « pour la dignité » a eu lieu à Madrid le 22 février, sous forme d’une marche festive.

Gaz

Après deux mois d’attente les travailleurs de Gas Natural Cegas S.A., ont repris leur mobilisation le 22 février dans tous les lieux de travail de la Communauté de la région de Valence.

Il s’agit pour les camarades de rompre « la dynamique normale du travail, chaque jour plus exigeante, plus absorbante, plus individualiste, avec une plus forte “acceptation” des conditions imposées”. Ils lancent une grève sans date d’arrêt définie, car le climat de crispation tient aussi au fait d’un rachat possible par Iberdrola.

Education

LOE : l’éducation publique en danger.

La Fédération de l’Education de la CGT, sur un texte de plus en plus proche de celui de la droite, appuie la journée de mobilisations avec le STEs et d’autres organisations syndicales, le 22 février, avec le slogan commun : l’éducation publique en danger, pour une éducation laïque de qualité et de garantie de la cohésion sociale.

Parallèlement, la Fédération a lancé une campagne de fax au ministère de l’Education du Portugal “en solidarité avec la lutte pour la défense de l’enseignement public dans ce pays ».

Ecologie

La CGT a mis sur son site le résultat d’une “Evaluation de la gestion environnementale du gouvernement de Zapatero” en date du 7 février 2006, établie par “WF/Adena, SEO/BirdLife, Ecologistas en Acción, Greenpeace y Amigos de la Tierra”.

Il s’agit d’un bilan négatif depuis février 2004 des propositions faites aux partis politiques avant les élections de mars 2004. Le 14 février la CGT a annoncé que Greenpeace demandait la paralysation de travaux dans une zone de Madrid, à cause de la présence d’eau radioactive.

Santé

La CGT de Valence dénonce le 1 mars le centre de Réception de mineurs organisé par le gouvernement valencien et annonce qu’elle a déposé une plainte le 22 février.

Plusieurs travailleurs de ce centre ont des résultats positifs après des tests de détections de la tuberculose. Le personnel s’est inquiété en remarquant que parmi les médicaments fournis aux mineurs certains concernent cette maladie. Face au manque d’informations, des employés ont fait un dépistage à titre personnel avec les résultats exposés.

En mars 2005, sur les conseils de la CGT, les travailleurs de ce centre avaient demandé un suivi médical ; En juin de la même année, les 23 employés du centre insistaient en priant le secteur de la santé du gouvernement local de passer à la pratique, sans recevoir aucune réponse. Pourtant la présentation de nouveaux projets dans ce domaine, avec des budgets onéreux, contraste avec la « faiblesse des moyens individuels et matériels pour le suivi des mineurs en situation difficile ». Cette population est en évolution constante et de nouvelles pathologies se font jour.

La CGT estime que actuellement il existe une massification des demandes de places pour tous les centres de mineurs dépendant du secteur de la Santé, qui dépasse d’environ 40 % le nombre de places autorisée.

Travailleurs étrangers

La CGT de Valence a dénoncé le 1 mats le fonctionnement actuel du Bureau des étrangers de la Communauté. « Les immigrants subissent un véritable traitement discriminatoire de la part de l’administration. [...] la dernière régularisation d’immigrants a apporté à la Sécurité sociale des millions d’euros, nous nous demandons pourquoi on continue à marginaliser un secteur de travailleurs qui produit des bénéfices économiques pour l’Etat. [...] On nous a récemment informés que le Bureau va augmenter son personnel de vingt employés. Espérons que cela se répercute sur un meilleur fonctionnement, ce qui facilitera la véritable intégration et une cohabitation plus harmonieuse.

Propagande

Rojo y Negro de (fin) décembre 2005 (le 186, IV époque, 16 année). Pour 0, 75 € on a 12 pages d’infos et de notes, un supplément de 4 pages sur la “ Réforme du marché du travail ”, les différentes positions du gouvernement, du patronat et des syndicats majoritaires (qui s’inscrit dans Materiales de Reflexión, N° 29) et un autre de 10 pages Recuperación de la Memoria histórica.

Le mensuel en lui-même consacre la p. 2 à la rencontre nationale de Femmes de la CGT des 12 et 13 novembre 2005 dans une auberge de jeunesse en banlieue madrilène. Trois axes de travail ont été choisis : soins et conciliation, est-ce possible ?, la négociation collective non sexiste, le harcèlement sexuel et la violence machiste ; une précision « en parlant de « soins », nous voulons mettre la vie au centre des situations, pas le marché, et ainsi casser les privilèges que nous ont arrachés les marchés. En nous plaçant au centre non seulement au centre de l’organisation sociale et économique, mais au centre des aspirations vitales de la majorité des gens. [...] C’est pourquoi nous affirmons que la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale est un mensonge, un objectif impossible, et que le discours qui assure que nous pouvons le faire est dangereux, parce qu’il tend à cacher le conflit et à perpétuer la prépondérance du capital . »

Les camarades veulent établir une transversalité, pour que la lutte féministe touche tous les domaines de l’organisation syndicale : « l’immigration (et les différences d’ethnies), les handicapés et l’identité de genre et l’orientation sexuelle. » (contact sp-mujer@cgt.es)

La partie internationale dénonce le sommet de l’OMC a Hong Kong et demande le droit au retour pour les Palestiniens Une info est donnée sur la V rencontre du syndicalisme alternatif européen en soulignant la différence entre les anticapitalistes et ceux qui estiment qu’une autre Europe est possible "sans une transformation complète du modèle social et de ses valeurs.

Un article souligne le "casse tête hispanique" avec des nationalismes sans vision d’ensemble et de solidarité. Les nombreuses luttes en cours (Poste, Telefónica, rejet du racisme envers es travailleurs étrangers), les activités syndicales donnent 12 pages bien pleines

Matériaux de Réflexion n° 29 de XII 05 traite de la reforme du marché du travail en exposant les positions du gouvernement, des patrons et des syndicats réformistes. La CGT donne sa position en opposant que la précarité et l’absence de droits sociaux empêchent le "bon fonctionnement du marché". La société doit être organisée par la solidarité et non la concurrence. Une réponse qui va dépendre de la capacité des cégétistes de "transmettre à la majorité sociale, et surtout au plus touchés : femmes, jeunes, précaires ... tous dans la rue, c’est le moment d’exiger une autre société, une autre vie digne pour tous et toutes."

Récupération de la mémoire historique, un supplément de douze pages sur "le sujet sans solution de la Transition".

Deux cégétistes, par ailleurs historiens, reprennent des analyses publies dans des livres ou la revue théorique de la CGT Libre Pensamiento.

Joan Zambrana aborde "La CNT dans la transition : entre l’histoire et la praxis" et, face a une CNT de l’exil, divisée par les polémiques, avec des affilies âgés, se dresse une quantité de groupes jeunes, sans pratique commune, avec des visions différentes.

Dans une société postfranquiste, la pratique assembléaire pour le syndicalise d’entreprises, des campagnes pour l’amnistie totale et le soutien aux détenus de droit commun, la liberté d’expression, etc., étaient caractéristiques de la nouvelle CNT.

Le déclin de la CNT commença par une déception par rapport aux perspectives de la période. Zambrana indique ensuite un second facteur ; l’action des forces répressives du "nouvel Etat démocratique" pour affaiblir la CNT. Comme souvent chez les libertaires, le provocateur flic est un adhérent super artisan de l’action directe et des bombinettes entraîne des cénétistes trop confiants dans un attentat dans une salle de spectacle, avec comme résultat quatre employés morts, 3 de l’UGT et 1 de la CNT ? Le troisième facteur fut l’incapacité de créer une praxis anarchosyndicaliste face aux bureaucraties de l’UGT et des Commissions.

"La dynamique des affrontements" finit par atomiser la CNT. L’auteur conclut sur la nécessité d’analyser la période 1975-2005 pour retrouver l’imaginaire libertaire.

"L’anarchosyndicalisme durant la transition", vu par Antonio Rivera, insiste sur trois éléments historiques nouveaux par rapport a la CNT des années 30. Une industrialisation accélérée," une nouvelle classe sociale ouvrière nourrie de références et d’expériences qui n’étaient plus celles de l’époque de la république" et 1968 et la crise internationale qui vivifiaient les thèses libertaires.

Au départ il se posait un hiatus entre l’action directe pour un changement révolutionnaire et la nouvelle classe ouvrière espagnole qui "ne concevait pas la lutte sociale avec une dimension révolutionnaire, mais dans une perspective instrumentale, pour résoudre ses problèmes immédiats de vie (salaires, journée de travail, conditions matérielles). C’est pourquoi un discours très orthodoxe et très révolutionnaire finirait par se retrouver sans base sociale [...]."

Dans le contexte de l’époque, "des traditions organisationnelles récentes, mais plus enracinées que la CNT, des structures syndicales de plus en plus puissantes et des leaders très reconnues dans l’opposition antifranquistes, et une impression générale de légitimité, ont laissé l’anarchosyndicalisme hors du champs des négociations collectives et de la représentation syndicale. Ses formules alternatives n’ont pas prospéré parmi les travailleurs.

Pourquoi la CNT n’a-t-elle pas su « lire » la situation réelle de la société espagnole ? "

L’auteur propose les raisons suivantes : "un surdimensionnement de la force réelle qu’avait eu la CNT dans les années 30 [...] l’Exil agissant comme garant de l’orthodoxie", l’hétérogénéité de la base sociale [...] des effectifs syndicaux avec ou sans expériences antérieure, des secteurs jeunes plus intéressés par des pratiques sociales alternatives que syndicales", une fragilité organisationnelle alors que les autres groupes se renforçaient.

Une scission eut lieu et se révéla capable de survivre et de constituer finalement un point de référence. "La nouvelle CNT, ensuite appelée CGT, paria sur la rectification, en changeant substantiellement une statégie définie par le repliement sur de prétendues leçon de l’histoire, une orthodoxie mal interprétée, afin de s’adapter à une réalité qui pouvait parfaitement se passer d’elle et de tout son passé. "

Les autres pages retracent l’apparition de la CNT à Barcelone, le refus de la gauche de réfuter les procès franquistes, Femmes libres, la mort d’un camarade tué par la police à valence en juin 1979 (le procès du flic n’a pas encore commencé), et la Fondation Salvador Seguí (proche, voir inséparable de la CGT) pour retrouver les archives du passé.

On peut remarquer que le problème du Patrimoine syndical et la part éventuelle qui revient à la CGT n’est pas abordée, mais c’est un problème en cours.

Formation syndicale

Secrétariat d’Action sociale de Valladolid

 Casas Viejas 1933 une brève période de communisme libertaire (projection de matériel audiovisiuel et discussion), mardi 7 février 20 h.

 Que faire en cas d’incendie (film allemand sur un groupe anarchiste et les effets du passage temps sur les idées) mardi 14 février 20 h.

 réforme du travail, le nouveau grand mensonge des syndicat, du patronat et du gouvernement (discussion animée par le Comité confédéral de la CGT) mardi 21 février 20 h.

 mouvement Piquetero, un exemple de résistance (avec la présence de Patricia, piquetera argentine) mardi 28 février 20 h.

(Fin de rédaction le 3-III-2006 ; dans la N° 4, exposé de la célébration de Casas Viejas par la CNT-AIT et par la CGT, action de la CNT-AIT)