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Débat "Femme et précarité, une fatalité ?"

jeudi 20 octobre 2005

CDD, temps partiel, bas salaire, horaires coupés, intérim, chômage, RMI, prestations familiales, faible retraite, la précarité concerne de plus en plus de personnes.

La projection-débat aura lieu le vendredi 4 novembre à 19 h à la salle des allées de Barcelone. On projettera le documentaire "Remue-ménage dans le nettoyage" (17mn) proposé par le Comité de soutien aux salariés en lutte d’Arcade, Mac Do, Frog, Fnac, Disney, Virgin, Pizza Hut, etc.


CDD, temps partiel, bas salaire, horaires coupés, intérim, chômage, RMI, prestations familiales, faible retraite, la précarité concerne de plus en plus de personnes.


La précarité est re-devenu un mode de gestion de l’emploi. Il s’agit pour l’état et les patrons de rendre les salarié-e-s flexibles, fragiles, de les isoler. L’instabilité dans l’emploi a des conséquences dans l’ensemble de la vie sociale, et pas seulement dans le monde du travail. Conditions de vie, santé, logement, relations sociales et familiales se dégradent au fur et à mesure que la précarité avance. Ceux et celles qui ont un emploi, même précaire, vivent la peur quotidienne de le perdre et acceptent des conditions de travail toujours plus dures. Les salarié-e-s sont ainsi mis-e-s en concurrence. En période de chômage de masse, les employeurs savent utiliser le chantage du chômage. D’autant que les personnes qui sont effectivement sans emploi se voient obligées d’accepter des emplois toujours plus précaires. Ce sont les conditions d’emploi et de travail de tous les individus qui sont attaquées. Parmi les précaires, les femmes sont les plus touchées, parce qu’elles sont encore victimes des inégalités salariales persistantes.
 En France, 56 % des chômeurs sont des femmes (alors qu’elles représentent 46 % de la population active). En Midi-Pyrénées, 57 % des chômeurs sont des chômeuses.
 Il y a toujours un écart de salaire, à travail égal, entre les hommes et les femmes, écart qui peut aller jusqu’à 45 % pour les postes les moins qualifiés.
 85 % des hommes ont une retraite complète pour seulement 39 % des femmes.
 En moyenne, la retraite des femmes est inférieure de 44 % à celle des hommes


Sur-précarité des femmes : entre sexisme et capitalisme

Plusieurs raisons expliquent qu’il y ait plus de femmes que d’hommes précaires. L’emploi des femmes est concentré principalement dans le secteur tertiaire, c’est-à-dire les emplois de service, d’aide à la personne, de travail ménager, etc. L’organisation du travail dans ces secteurs est faite de telle façon que la flexibilité s’y est installé à grand pas : être disponible, au service de... ou, en ce qui concerne les emplois « d’agent d’entretien », être invisible, ne pas déranger les autres salarié-e-s, donc travailler sur des plages horaires décalées. Les femmes se voient plus fréquemment imposer un emploi à temps partiel, et donc un salaire partiel. Les employeurs estiment a priori que les femmes vont avoir des enfants, qu’elles préféreront donc un moindre salaire pour pouvoir gérer leur vie privée ou, si elles en ont déjà, qu’elles vont privilégier leurs enfants et la maison par rapport à leur emploi. Elles sont supposées travailler pour fournir un salaire d’appoint à la famille. Vision rétrograde, réactionnaire et sexiste, qui divise les salarié-e-s et présuppose que les femmes restent encore moins légitimes que les hommes dans le monde du travail. Cette gestion inégalitaire du travail oublie par ailleurs que ce que l’on nomme « famille monoparentale » cache en fait l’existence de plus en plus massive de femmes assumant la charge principale ou totale de leurs enfants.


Dans notre société sexiste, où c’est encore très majoritairement aux femmes qu’incombe la charge du privé (famille, maison), celles-ci doivent souvent interrompre leur vie professionnelle pour s’occuper de leurs enfants, et parfois de leurs parents ou beaux-parents dépendants. L’absence ou l’insuffisance de structures publiques d’accueil de la petite enfance ou des personnes âgées dépendantes obligent les femmes à assurer soit une double journée de travail, soit à quitter leur emploi. Le retour à l’emploi passe alors par l’acceptation de CDD sur CDD, souvent à temps partiel.


Faible syndicalisation des femmes et rapport à l’emploi


Les femmes travaillent dans des secteurs dans lesquels il n’y a pas de tradition syndicale très ancrée. Aussi, l’absence de rapport de force dans ces entreprises fait que des conditions de travail particulièrement difficiles s’installent (flexibilité, précarité). Bien que le rapport des femmes au syndicalisme soit en train de changer, celles-ci sont encore peu nombreuses dans les syndicats. Les travailleuses précaires, étant en réel danger de chômage, hésitent à se syndiquer. De plus, un certain nombre de femmes ont un rapport au travail particulier, considérant que leur travail les rend indépendantes du point de vue économique, ce qui peut être vrai dans certains cas. D’autres, ayant intégré les modes de pensée du système de domination masculine, considèrent leurs revenus comme un salaire d’appoint, et ne voient donc pas l’intérêt de se syndiquer. Les femmes sont donc encore peu représentées dans le monde syndical. 3,5 % des femmes qui exercent un emploi sont syndiquées contre 11% des hommes.

Mayan Faty, la lutte continue...

En 2002, une grève se déclenche chez Arcade, sous-traitant du groupe hôtelier Accor. Les salariées réclament la baisse des cadences, le paiement de toutes les heures travaillées et des contrats à temps complet. Elles on en effet un nombre de chambres à faire et une cadence de 3 à 6 chambres par heure. Leur paye est calculée sur le nombre de chambres faites divisé par la cadence. Si elles ne font pas le nombre de chambres demandé ou si elle n’ont pas beaucoup de chambres à faire, elles font des heures supplémentaires non rémunérées ou sont sous-payées par rapport au travail effectué. Après une année de grève, la direction cède... mais Mayant Faty, déléguée syndicale, est dans le colimateur et se fait licencier pour dépassement de ses heures de délégation syndicale. Prétexte bien pratique pour virer Mayan Faty, élue au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui voulait prouver qu’Accor ne tenait pas ses engagements, à savoir contrôler les conditions de travail chez ses sous-traitants.

Depuis 17 mois maintenant, tous les vendredis, Mayan Faty et le collectif de soutien s’invitent dans un hôtel de la chaîne Accor pour informer les clients de sa situation et des conditions de travail dans les hôtels Accor et ; depuis un an ; cette invitation se fait sous la forme d’un pique-nique, autour d’une nappe dorée.. Comité de soutien aux salariés en lutte d’Arcade, Mac Do, Frog, Fnac, Disney, Virgin, Pizza Hut, etc. Pour tout contact : CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (en précisant bien le nom du comité) Chèques à l’ordre de ADC avec mention "soutien à Faty", à adresser à : ADC (boite n° 45) c/o Maison des associations, 35-37 avenue de la Résistance, 93100 Montreuil.

Collectif Féministe Libertaire Toulousain Act-Up 31, Coordination des groupes anarchistes, CNT 31, individu-e-s, No Pasaran, Offensive libertaire et sociale

http://feministes-libertaires.ouvaton.org - contact@feministe-libertaire.ouvaton.org