Révolutionnaires, réfugiés et résistants de Fédérica Montseny

, par cnt09

Les éditions CNT-RP republient un livre de Fédérica Montseny.

http://www.cnt-f.org/editionscnt-rp...

Quelques extraits :

" Antonio Herrero parle.

“Le 10 Février 1939, nous entrâmes à Latour-de-Carol, abandonnant la terre espagnole. Comme nous étions en retraite depuis Os de Balaguer et Artesa de Segre, beaucoup étaient épuisés, recrus de fatigue à cause de la mauvaise alimentation et des nombreuses heures de marche sur la neige. A notre entrée en terre française, on nous parqua dans un près gorgé d’eau, encerclés par les gendarmes.
La nouvelle courut bientôt que la 26e division - les hommes de Durruti, comme ils disaient- était concentrée là. Le pré, baptisé "camp" se trouvait sur la route qui va de Latour-de-Carol à Bourg-Madame. Notre contingent à peine localisé, les autorités civiles et militaires du département envoyèrent immédiatement des forces armées pour nous garder, avec les autres bataillons de la même division, cherchant un endroit où nous retenir et nous surveiller. Nous portions l’auréole d’Espagne et étions considérés comme les réfugiés les plus dangereux. [...]
la division fut conduite au camp du Vernet d’Ariège - qui deviendra plus tard un camp disciplinaire. Bien que les autorités françaises continuent de nous considérer comme les éléments les plus significatifs et dangereux de toute l’immigration, elles ressentirent peu à peu envers nous un certain respect, en voyant comment nous nous comportions, n’étant pas les fauves qu’elles croyaient. [...]
Non... on ne peut décrire avec des mots ce que furent les jours, les semaines, les mois passés dans cette baraque qui ne contenait que la misère, de la faim et de la douleur ! Les hommes jetés là comme des loques ,n’étaient plus des hommes : ce n’était plus que des déchets humains abandonnés de tout le monde. Et ces êtres avaient tout donné pour le bien de l’humanité, et leur seul crime était d’avoir lutté pour un monde meilleur ; leurs actes, si cruellement châtiés, avaient été de faire front à la raclée qui s’abattait sur le monde, le dévastant et déchaînant la plus terrible des guerres : le fascisme”."

extraits p 100-101-102-103.