L’entreprise de démolition du service public d’éducation est en plein essor avec son pendant : toujours plus d’inégalités. Car si après des mois de conflit, les décrets de Robien sur le travail des enseignant-e-s ont été abrogés, les postes équivalents temps plein qui ont été supprimés n’ont pas été récupérés pour autant. Ils vont donc être remplacés probablement par des heures supplémentaires ou des contrats précaires… De plus, le gouvernement prépare d’autres attaques extrêmement graves contre les travailleurs et travailleuses de l’éducation et les élèves des classes populaires. Il va falloir lutter et non pas négocier sous prétexte de « donnant-donnant ».

Dans son rapport de mars 2007, le désormais ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, préconisait la fin de toutes les décharges horaires, l’augmentation du temps de travail, l’instauration de primes au mérite, l’annualisation du temps de travail et la suppression des dédoublements de classe (excepté en langues, sciences expérimentales et enseignements technologiques).

Il prévoit de faire travailler plus au lieu d’embaucher, en ne procédant qu’au remplacement de deux fonctionnaires sur trois partant à la retraite. S’ajoutant à la réduction drastique des recrutements, ce type de mesures a comme conséquences mécaniques : la suppression massive de classes et de sections, la baisse du nombre d’heures d’enseignement et d’aide individualisée, avec une hausse des effectifs par classe. Les heures de soutien, si elles existent, seront prises en charge par les contingents d’heures supplémentaires. Le recours aux contractuels, vacataires et autres intérimaires va s’amplifier pour boucher les trous les plus béants et permettre à la machine de fonctionner cahin-caha à moindre coût pour l’État-patron. Huit mille emplois vie scolaire (ce qui correspond aux suveillants et conseillers d’éducation) sont menacés de suppression dans les lycées.

Les travailleurs-euses Iatoss, de leur côté, seront les premiers touché-e-s par une précarisation déjà en œuvre (un titulaire pour cinq travailleurs-euses dans certains services !), accrue par la fermeture pure et simple des concours de catégories C et B. La prime à la productivité ou au mérite devient avec l’instauration de l’évaluation/notation le critère subjectif, à la merci de l’humeur du petit chef, pouvant provoquer des baisses d’ancienneté – et donc de progression de salaire – selon des quotas de « bons, de médiocres et de mauvais » fonctionnaires préfixés par la loi avant toute expérimentation !

Les salaires, quant à eux, n’ont aucune perspective d’augmentation, malgré un niveau indécent, avec à peine plus de 1 000 euros net par mois pour un personnel de catégorie C ayant plus de dix ans d’ancienneté... La contractualisation galopante et la privatisation des universités dans le cadre de la loi sur l’autonomie de celles-ci n’annoncent rien de bon : plus que jamais, les personnels doivent refuser la division titulaires/précaires utilisée par la hiérarchie et mener le combat pour la titularisation de tou-te-s, sans condition de concours ni de nationalité, ainsi qu’une réelle revalorisation des salaires, tout particulièrement pour les catégories les plus faibles. Gérant l’éducation comme une boîte privée, le ministère exploite la force de travail à moindre coût par la précarisation des travailleurs-euses plutôt que d’embaucher des titulaires. Ce qui nous est promis, si nous ne luttons pas, c’est la hausse du temps de travail, la flexibilisation, la division des collègues. Sourd aux besoins des établissements et des élèves, notamment dans les zones d’éducation prioritaire, l’État-patron parie sur le tout-sécuritaire face aux révoltes qu’une telle casse du service public de l’éducation provoque. Surveiller et punir plutôt qu’éduquer. Pour ce faire, les autorités multiplient les instruments de contrôle et de répression : présence de policiers dans les établissements, partenariat école-armée, base élèves (cf p. 2), recours à la biométrie, vidéosurveillance, prisons pour enfants, abandon des mineurs ou jeunes adultes scolarisés mais sans papiers aux sbires de Hortefeux pour remplir le quota de 25 000 expulsions fixé par Sarkozy, sanctions disciplinaires contre les personnels et les militants qui résistent, etc.

C’est pourquoi la CNT FTE appelle à s’organiser pour empêcher les expulsions et à se coordonner dès maintenant pour lutter contre les attaques que subit l’Éducation nationale. Exigeons l’arrêt de la chasse aux élèves sans papiers et aux expulsions. Revendiquons une réelle réduction du temps de travail, l’égalité et la hausse des salaires ainsi que des embauches massives à hauteur des besoins exprimés par les équipes pédagogiques.

CNT FTE