Extrait du « Combat Syndicaliste », le journal de la CNT :
Ils sont des dizaines rassemblés, à deux pas des manifs lilloises. Reconnaissables au gros sac à dos cubique en permanence sur le dos, ces livreurs de Deliveroo, un service de livraison de repas, n’ont pas de contact avec les manifestants. Pourtant on aurait beaucoup à se dire. Je suis allé à leur rencontre. Premières réflexions. Des camarades d’autres UL pourront apporter des contributions. Il y a un réel enjeu de syndicalisation tout en questionnant l’évolution du travail, du syndicalisme.
De chômeur à startupeur – Bruno a fait une école de commerce, mais il préfère pour l’instant Deliveroo, où il gagne plus que comme assistant marketing junior. Auto-entrepreneur, comme tous ses collègues, il ne s’est pas vraiment renseigné sur les impôts qu’il devra payer (comme la contribution économique territoriale qui a remplacé la taxe professionnelle). Il a obtenu l’Accre, Aide au chômeur créant ou reprenant une entreprise, et gagne plus de deux fois le Smic. La course est payée 5 euros, quelle que soit la distance. Il aime faire du sport en bossant quand il veut. Mais concrètement, c’est presque tous les soirs jusqu’à minuit. Tous ses collègues sont jeunes, plutôt costauds. Comment vieillit-on chez Deliveroo ? J’ai plus de 50 ans : j’ai postulé, pour voir. Deliveroo ne m’a même pas répondu. Théoriquement, le livreur est un employeur, mais il n’a pas le choix des moyens à mettre en œuvre ni de ses clients.